Lorsque nous débarquons en Croatie, au début du mois de novembre, le temps est un peu morose. C’est sûr qu’il est loin le soleil cuisant d’été qui pousse les gens à s’entasser sur les belles côtes croates. Nous décidons néanmoins de braver la grisaille pour découvrir l’Istrie et ses petits accents italiens.
L’avantage qu’il y a à visiter en hors saison, c’est que l’on découvre les lieux tels qu’ils sont véritablement, sans l’affluence des touristes et sans les boutiques éphémères qui poussent comme des champignons à l’arrivée des beaux jours et disparaissent en même temps que les touristes. Car ces beaux endroits estivaux, à quoi ressemblent-ils le reste de l’année ?
Motovun
Motovun est un petit village médiéval fortifié d’un millier d’habitants. Avec ses pavées, ses grands murs de pierres, ses portes et ses ruelles pentues, ce petit village a le charme indéniable des lieux qui ont vécu. J’avoue, j’ai un faible pour les petits villages anciens. J’éprouve toujours plaisir à déambuler dans ces vieilles ruelles où les crépis délavés tombent des façades biscornues et où les pavés sous mes pieds ont été usés par tellement d’autres promeneurs avant moi.
Motovun est un de ces petits villages où l’on voit partout la marque du temps. Si l’on peut facilement imaginer l’animation qui s’empare des lieux en été, en ce début novembre c’est le silence absolu qui y règne et qui donne aux vieilles pierres un aspect solennel. Ici, quelques maisons à l’abandon semblent figées dans le temps. Une seconde partie des maisons dort paisiblement en attendant d’accueillir des hôtes en été. Enfin, le reste abrite des résidents discrets et silencieux, certainement contents de pouvoir enfin ouvrir les fenêtres et profiter des bruits d’oiseaux. Car à part les oiseaux et quelques bruits de pas discrets, rien ne vient troubler la quiétude des lieux. Au sommet du petit village perché, une petite place aux forts accents italiens donne accès aux remparts. Comme faire le tour des remparts est payant, nous décidons de faire l’impasse dessus. Le village est très joli et certaines rues offrent déjà de beaux points de vue sur les vignobles et les champs d’oliviers. Il y a dans l’air une odeur facilement identifiable. L’Istrie est en effet mondialement réputée pour l’excellence de ces truffes blanches, dont la qualité est en concurrence direct avec la fameuse truffe d’Alba, en Italie. C’est dans la forêt de Motovun que l’on trouve les plus beaux spécimens.
Grožnjan
Le lendemain, nous partons à la découverte de Grožnjan. Ce tout petit village a lui aussi ce charme particulier infusé par la vieille pierre. Sans prendre de grands airs italiens, il apparait plus modeste que Motovun et un peu plus intimiste. En parcourant ses rues on ressent nettement une fibre artistique. Alors que le village avait été déserté après la seconde guerre mondiale, en 1960 les autorités locales ont décidé de donner les maisons abandonnées à des artistes. Merveilleuse idée ! Le village a repris des couleurs et compte encore bon nombre d’ateliers d’artistes en tout genre.
Partout il y a des petits trésors cachés, il faut se promener en ouvrant l’œil.
En fin de journée, nous profitons de la quiétude du village pour admirer le coucher de soleil sur la campagne istrienne.